Steven Universe : La série qu'il vous faut
- Jimmy Poorteman - Holycrabe
- 25 oct. 2020
- 5 min de lecture
Il existe certaines séries, certains films, qui passent peu importe votre humeur, peu importe comment vous vous sentez. Ce n'est pas vraiment universel, chacun trouve ces sensations dans des choses différentes, mais on peut tout de même généraliser et dire que certains divertissements marchent chez quasi tout le monde. Et Steven Universe en fait partie.
La série débutait en 2013 sur Cartoon Network, faisant partie de cette nouvelle génération de cartoons qui se sont animés sur nos écrans ces dernières années avec Adventure Time, Regular Show, ou encore Gravity Falls. Le projet est dirigé par Rebecca Sugar, une femme non-binaire bisexuelle qui a déjà travaillé sur plusieurs épisodes d'Adventure Time, gravissant lentement les échelons de l'animation pour enfin se voir proposer de créer son propre show. Le pilote rencontre un certain succès et une première saison de 26 épisodes est commandée.
Une fois cette saison terminée, Cartoon Network décide de la doubler, la poussant à 52 épisodes, puis d'autres saisons suivent. La série rencontre un énorme succès et Cartoon Network est content, si ce n'est que des tensions commencent à naître entre les producteurs et la créatrice. Rebecca Sugar a en effet créé une série dont la majorité des personnages sont féminins, et il y a un énorme sous-texte à peine caché mettant en conflit les Crystal Gems tolérantes, ouvertes et en quête de libertés, et l'Empire des Diamants, des créatures minérales totalitaires, visant à l'expansion à travers les étoiles en cherchant à ce que tout le monde rentre dans le moule. Les Crystal Gems en réalité recherchent la liberté d'aimer, et d'aimer qui elles veulent. Et forcément, étant toutes féminines, le sous-texte parle en réalité d'intolérance envers les personnes queers et LGBT+.
La créatrice est ainsi fréquemment convoquée auprès des grands patrons, qui lui somment de laisser ces notions et discours hors de sa série, ce qui a pour seule conséquence de pousser Sugar a mieux les cacher, ou au contraire à les lier à des événements importants pour l'histoire. La saison 5 se conclut donc par un mariage homosexuel entre deux des personnages principaux, une récompense obtenue après beaucoup de débats et de négociations avec la direction, bien que ces passages aient été censurés, modifiés ou “oubliés“ par certaines équipes de localisation hors des Etats-Unis.
Une ode à l'amour, à la communication et au positif
On suit donc les aventures du jeune Steven, un garçon de 14 ans essayant de trouver sa place dans le monde entre sa vie et ses problèmes d'humain, comme par exemple son feuilleton préféré ou ses amis travaillant dans une pâtisserie, et le vide laissé par sa mère, ancienne chef d'une rébellion extraterrestre contre un empire galactique. Perdant le contrôle de cette rébellion, la grande autorité des Diamants a cherché à détruire tous les rebelles, mais n'a réussi qu'à les corrompre, les laissant à errer sur Terre comme des bêtes sauvages. La poignée de survivants se promet donc de protéger la Terre et sa vie et chasse leurs anciens camarades, préservant leurs gemmes, sortes de noyau de leur personnalité, au cas où une solution devait se manifester pour faire disparaître la corruption.
La première saison est très calme et se focalise sur la vie de Steven dans sa petite ville de Beach City, passant du temps avec ses amis tandis que les Crystal Gems partent dans des missions dangereuses auxquelles il ne peut pas participer. La série s'illustre cependant déjà avec de magnifiques décors et une musique incroyable (signée Aivi et Surasshu). Au fur et à mesure des épisodes, Steven découvre qu'il possède des pouvoirs, apprend à les maîtriser et finit même par rejoindre ses camarades extraterrestres. Les enjeux deviennent graduellement de plus en plus grands et Steven est au coeur de problématiques qui lui échappent totalement en terme d'ampleur.
Mais Steven a été élevé entouré de bienveillance et d'amour, et il entend trouver une solution à ces conflits millénaires en discutant et en donnant une seconde chance à ceux qui se présentent comme ses ennemis. Cette méthode ne marchera pas toujours et finira parfois par lui jouer quelques tours, mais il reste déterminé à trouver une solution la plus pacifique possible, même quand ses amis ou la Terre entière est menacée. Et il y arrive. Même si la fin de la série, sortie début 2019, trouve son dénouement un peu rapidement, l'histoire est excellente et pleine d'humour et de sentiments positifs qui font tout chaud à l'intérieur. Couplé avec des visuels aux couleurs pastels magnifiques, et à une musique tout droit sortie de comédies musicales, le cocktail est fascinant et délicieux.
Un épilogue en deux temps
À peine la série était-elle conclue qu'un film était déjà annoncé pour septembre 2019, avec une histoire entièrement originale, située un an et des brouettes plus tard, avec un Steven approchant l'âge adulte, ses 16 ans fraîchement en poche. Le film est complètement présenté comme une comédie musicale, la quasi-totalité de sa durée contenant chansons et interludes musicaux. Les thématiques restent finalement les mêmes, Steven essayant de solutionner le nouveau problème qui surgit dans sa vie (une fois de plus issu d'actions perpétrées par sa mère il y a de cela des millénaires) en discutant, aidant et en essayant de faire de son adversaire son amie. L'animation est encore plus belle, l'histoire prenante, drôle et toujours aussi touchante, et les chansons se surclassent constamment tout en explorant de nouveaux styles.
Le film est une fois de plus un succès, tant et si bien que Sugar obtient de sa direction le droit à une saison épilogue, baptisée Steven Universe Future se passant quelques mois après le film. Cette saison-ci est d'ailleurs focalisée sur Steven, sa relation avec ses proches et les gens qui l'entourent ainsi que les retombées de sa lutte pour libérer l'emprise de l'Empire sur les Gemmes qui le composent. L'épilogue prend donc considérablement son temps pour répondre à quelques questions qui restaient en suspend tout en laissant d'autres clairement ouvertes, et surtout pour traiter des problématiques incroyablement sensibles et denses comme la santé mentale, l'estime de soi ou le stress post-traumatique.

Outre la qualité de l'animation, l'ambition et la prise de risque de certains épisodes, l'importance des valeurs et propos que cette saison véhicule la rend incroyable. On excuse même la quasi-disparition des chansons puisque le ton ne s'y prête plus vraiment, Steven faisant face à des difficultés plus graves et plus difficiles à surmonter que tout ce qu'il a pu connaître auparavant.
Alors si vous êtes un peu tristounet, plein de rancoeur, plein d'entrain, peu importe, donnez une chance à cette petite série toute mignonne, ouvrez vous à ces chansons et ces personnages hauts en couleurs qui vous feront passer par l'intégralité du spectre des émotions en l'espace d'un épisode de 11 minutes.
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