Burnout Paradise : Test
- Jimmy Poorteman - Holycrabe
- 18 nov. 2020
- 5 min de lecture
Un truc pas mal dans le catalogue EA Play, c'est qu'on y trouve un certain nombre de jeux qui datent un peu. Et la saga Burnout, un peu oubliée de nos jours, représente bien un de ces styles de jeux qui ont aujourd'hui quasi totalement disparu alors qu'ils ont défini les années 2000 pour beaucoup de jeunes joueurs. Sautons dans la machine à voyager dans le temps l'espace d'un saut vrillé à travers un panneau en bois, et voyons ce que valait cet épisode.
C'est en 2008 que sort Burnout Paradise pour la première fois, sur Xbox 360, PS3 et PC. Développé par Criterion Games, responsables de plusieurs des opus précédents ainsi que de certains épisodes de la franchise Need For Speed, concurrente et à la fois jouant sur un autre style de gameplay moins arcade. Le jeu est le premier de la série à introduire le concept de monde ouvert, les épreuves étant disponibles en réalisant un burnout, c'est-à-dire faire patiner ses pneus, au croisement de deux routes.
Ce principe de monde ouvert se retrouve aussi lors des épreuves : pas de grandes flèches jaunes-oranges qui vous empêchent de quitter la route principale, dans cette région fictive de Paradise City, la liberté est totale. Cette liberté vient cependant à un prix, celui de la clarté et de la facilité. Il ne sera pas rare lors des premières épreuves ayant un début et une fin à des endroits précis de se perdre dans la ville, se retrouver sur l'autoroute au détour d'un saut ou d'un raccourci sans trop savoir comment en redescendre, et du coup perdre l'épreuve à cause d'un détour inattendu. Quelques heures de conduite permettent de mieux comprendre comment la carte fonctionne et de reconnaître certaines régions. Toutes les épreuves se terminent près de landmarks bien précis, des endroits comme un stade, ou une centrale électrique, au nombre total de 8. On apprend donc rapidement à quoi ressemblent les alentours et quelles sont les erreurs à ne pas commettre et les raccourcis à ne pas prendre en fonction de la destination. Il faut donc trouver l'équilibre entre la complexité de la voie et la rapidité du trajet. Pas besoin de zigzaguer dans les rues de la zone urbaine, mais si vous décidez d'atteindre votre objectif en réalisant deux lignes droites et un angle droit, vous risquez bien de ne pas arriver premier.

Une chose à garder en tête reste la gestion du boost, vestige de cette époque de jeux de course très arcade. Le boost est une jauge dans le bas de votre écran qui se remplit lorsque vous conduisez dangereusement. Passez près des voitures, roulez en contresens, dérapez, sautez sur des rampes ou encore poussez vos adversaires dans le décor pour en gagner. Lorsque vous l'utilisez, votre voiture se verra considérablement accélérée, mais aussi évidemment un peu plus difficile à manier. Le système de boost est par contre très polyvalent, puisque les voitures sont ici dotées de classes. Une voiture de classe “Cascade“ par exemple récupérera beaucoup plus de boost lors d'un saut, tandis que d'autres vous permettent d'allonger votre jauge de boost en réalisant des takedowns, des éliminations, sur vos adversaires. On retrouve aussi le système d'enchaînement de Burnouts lorsqu'avec certaines voitures vous parvenez à vider intégralement votre jauge de boost en continuant à conduire dangereusement, celle-ci se remplit à nouveau et vous bénéficiez donc d'effets prolongés. Seul problème avec ce style là ; il est assez difficile de savoir si vous avez déjà rempli la jauge secondaire.
Le gameplay est donc en une certaine manière un best-of des jeux précédents, retenant des éléments marquants issus des autres épisodes. Il manque cependant au jeu un élément crucial qui est le mode Crash, mode de jeu iconique de la saga implémenté dans le deuxième épisode Burnout : Point of Impact. Le mode est remplacé ici par un mode Showtime avec l'idée encore une fois de cette liberté, que vous puissiez réaliser vos crashs où et quand vous le voulez. Le fait est qu'en parallèle de ce jeu sortait le jeu Burnout Crash! sur mobile, et quelque chose dans le développement des jeux a dû faire que l'un ne pouvait pas se retrouver dans l'autre. C'est assez dommageable compte tenu de l'importance que représentait ce mode pour les joueurs.
La liste de chansons reprises dans le jeu est quant à elle assez impressionnante et en offre pour tous les goûts. Entre un peu de punk rock, les pistes originales créées pour les jeux précédents mais aussi des morceaux de musique classique pour ceux qui apprécient, on trouve forcément chaussure à son pied et une fois de plus, cette liste est modifiable suivant de nombreux paramètres. Totalement désactiver une chanson, la laisser seulement lors d'épreuves spécifiques, rendre l'ordre aléatoire ou au contraire séquentiel, il y a de quoi créer l'ambiance que l'on souhaite sans avoir besoin de spammer le bouton “Morceau suivant“ jusqu'à tomber sur une des versions de “Girlfriend“ d'Avril Lavigne.
Si vous êtes ici il y a aussi de fortes chances que vous soyez grand amateur de voitures et effectivement vous serez servi. Plus de 200 véhicules (tous des modèles fictifs de marques fictives) sont disponibles dans le jeu, chacun avec ses propres statistiques. Motos, muscle cars, buggys, voitures de sport, toutes avec plusieurs options de peintures, elles-même contenant plusieurs couleurs. Le système de déblocage des véhicules est d'ailleurs assez bien fait. Chaque fois que votre “permis“ augmente de rang, vous recevez une voiture, en général un peu plus puissante que le reste de votre collection puisque le niveau des épreuves augmente. En parallèle, à de nombreuses reprises, la DJ de la radio du jeu vous annoncera que certains véhicules ont été aperçus dans la ville. Si vous le croisez et que vous arrivez à lui infliger un takedown, il sera ajouté à votre garage, ce qui peut parfois vous pousser à vous promener sur les routes simplement pour croiser un véhicule dont l'aperçu vous a plu. En plus de ça, certaines de ces voitures n'ont qu'une utilité ; réaliser un contre-la-montre avec elles pour en débloquer une version améliorée.

Graphiquement, la version remastered du jeu sortie en 2018 n'est pas incroyable. Elle fait le boulot, mais on est en réalité assez loin des standards actuels (et même ceux actuels de 2018). Un argument un peu facile à sortir est que tout va tellement vite qu'on n'a pas vraiment le temps de s'attarder sur les graphismes en détail. La sensation de vitesse est en effet très bien rendue et en fin de jeu ou lors de certaines épreuves, il faudra réellement faire preuve de concentration pour ne pas confondre un mur et la barrière que vous pouvez envoyer dans le décor à côté. La vérité c'est que cela n'est pas très gênant et surtout reste très fidèle au style des opus précédents.
Le fait est qu'en fin de compte, manette en main, on se croirait de retour à ses 14 ans à écouter ces chansons à fond en fonçant à toute allure avant de prendre un tremplin qui ferait renvoyer la moitié des ouvriers de la voirie de la ville pour s'envoler pendant de longues secondes, voler, traverser un panneau en bois, flotter, atterrir sur le toit d'un concurrent et l'éliminer, au moins provisoirement. Les jeux comme Burnout Paradise, on en fait plus. Et c'est pas une phrase de boomer pétri de nostalgie et de “C'était mieux avant“. Des jeux comme celui-ci, mettant de côté toute notion de réalisme et de sécurité et une bonne partie des lois de la physique avec, ça n'existe plus. Alors retrouver ces sensations, c'est un peu une madeleine de Proust, un retour dans le temps qui vaut certainement le détour, ne serait-ce que pour se rappeler de cette saga qui a été et qui peut encore être.
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