God of War : Preview accélérée de la parentalité
- Jimmy Poorteman - Holycrabe
- 23 sept. 2020
- 14 min de lecture
God of War (le reboot/suite de 2018, pas l’original de 2005) a été largement bien reçu. Acclamé par la critique et succès commercial également, le titre de Santa Monica Studio a éveillé beaucoup de réactions, notamment pour son histoire, racontée d’une main de maître. Penchons-nous donc sur l’aspect quasi central du jeu : la relation entre Kratos et Atreus.
Introduisons d’abord les personnages et l’univers pour ceux qui ne seraient pas familiers. Kratos est un ancien soldat de la ville guerrière de Sparte en Grèce Antique. Connaissant la défaite face à une invasion de barbares, il implore l’aide d’Ares, dieu de la guerre, qui lui donne les Lames du Chaos, lui permettant de vaincre ses ennemis. Ares cependant, piège Kratos et le pousse à tuer sa femme et sa fille. Il renonce donc à son serment envers Ares et essaie de travailler pour d’autres dieux afin d’obtenir une rédemption. En attendant, il est hanté de visions du meurtre de sa famille. Enchaînant les quêtes de vengeances, meurtres et sacrifices de proches et causant un taux de destruction invraisemblable, Kratos tue une grande partie des dieux de l’Olympe ainsi que les Titans, qui l’ont aidé avant de le trahir. Apprenant que son père n’est autre que Zeus, il jure de le tuer, ce qu’il fait, avant de libérer le pouvoir de l’espoir, seule entité à être resté dans la Boîte de Pandore. Il tente ensuite de se suicider, ses désirs de vengeances assouvis, épuisé par des années au service de dieux qui n’ont fait que le manipuler. Sa tentative est cependant un échec, et les dernières images du jeu laissent supposer que Kratos parvient à partir, sans que l’on sache réellement vers où.
On le retrouve ici plusieurs décennies plus tard, dans des circonstances aussi tragiques qu’à l’accoutumée. Kratos a survécu et trouvé une certaine paix dans la Norvège antique, avant même l’époque des vikings. Il y a rencontré Faye, une femme avec laquelle il a eu un fils, Atreus, qui ignore tout du passé de son père comme de sa nature de demi-dieu. Kratos semble en effet avoir passé l’essentiel de son temps ailleurs, loin de son fils qu’il connaît à peine et que sa mère a éduqué. Faye est cependant morte, dans des circonstances que l’on ne connaît pas, et son mari et son fils se lancent dans l’accomplissement de sa dernière volonté ; que ses cendres soient dispersées depuis le sommet le plus haut de tous les mondes.
L’un comme l’autre se retrouvent donc avec un but commun, endeuillés, à devoir coopérer sans vraiment se connaître. Et c’est ainsi que commence l’une des plus belles histoires de construction de relation parentale.
Le décoinçage nécessaire
Atreus possède l’énergie et le dynamisme propres à un enfant, doublé d’une certaine naïveté, ce qui contraste totalement avec l’attitude résolue de Kratos qui éprouve de la défiance auprès de chaque être qu’il rencontre, traumatisé par ses années au service de l’Olympe. Cette défiance s’applique aussi à son fils. Le premier acte est une sorte de test que Kratos fait passer à Atreus, pour s’assurer qu’il est capable de prendre part au voyage. Et c’est là que le manque de communication de Kratos va commencer à parasiter sa relation. Parce que même si ses intentions sont nobles et positives, il s’est tellement renfermé sur lui-même et ne laisse passer absolument aucune émotion, ce qui pousse parfois Atreus à faire de même, jugeant inutile de parler à son père puisqu’il a l’impression de s’adresser à un mur. Kratos a en plus une peur au fond de lui, celle de détester son fils. Parce qu’il déteste les dieux, qui l’ont manipulé et se sont servi de lui pour se distraire et mener quelques querelles qui ne le concernaient en rien. Mais il en est un, de dieu. Et son fils aussi, bien qu’il ne le sache pas. Au fond, Kratos se déteste, ou en tous cas déteste tout ce qui évoque son héritage divin. Et il est terrifié que si Atreus apprenait cet état de fait, il pourrait devenir un dieu vil, arrogant, prétentieux. Alors il se montre terriblement exigent à son encontre, le traitant comme un soldat, un subordonné. Et Atreus vit ça assez mal, comme on peut s’y attendre. Il n’est pas fort et résistant comme son père, au contraire, il est souvent malade, et ses compétences sont plutôt intellectuelles. Il sait lire l’ancien norrois, langage norvégien de l’époque, et arrive facilement à comprendre des fragments de langages qu’ils trouveront lors de leurs voyages, jusqu’à même arriver à parler brièvement géant lors de la fin du scénario, après l’avoir entendu à peine quelques fois de la part d’un serpent et d’une tête qui décrivait son géant comme étant rouillé. Mais devant l’impassabilité de son père, il pense que ces compétences ne sont pas importantes. D’autant que dès le début, Kratos se montre sceptique et préfère porter les cendres de sa femme lui-même, plutôt que de les laisser à Atreus, bien que celui-ci l’ait apparemment connu plus longtemps.

C’est quelque chose que l’on voit dès le début. Alors que Kratos demande à Atreus de lui montrer s’il sait chasser, Atreus tire une flèche trop rapidement sur le premier cerf qu’il voit, trop impatient de faire ses preuves. Kratos s’énerve alors, et ne lui rend son arc qu’à la fin du prologue dans lequel ils retrouvent le cerf. Atreus l’abat, mais la bête vit encore et il faut abréger ses souffrance. Kratos l’aide alors à achever l’animal et les deux partagent un moment de silence dans lequel Kratos tend la main vers Atreus pour le réconforter avant de se raviser, gardant ses émotions pour lui. Et ce spectacle d’un père qui n’ose pas montrer ses émotions, il va falloir s’y habituer longtemps. Rentrés à la maison, un étranger frappe à la porte et cherche la bagarre à Kratos, qui finit par lui donner ce qu’il cherche. Mais peu importe le combat, cet individu inconnu semble se régénérer, et même alors que Kratos lui brise la nuque, il ne fait peu de doute qu’il reviendra. Kratos rentre chez lui. Il n’y a pas le temps d’attendre que son fils soit prêt, il faut partir tant qu’il en est capable, car cet homme reviendra.
Très rapidement, le duo sera confronté à des dangers, des ennemis cherchant à les tuer et même à les manger, et Atreus finira par tuer un homme, ce qui va profondément l’affecter. Son père viendra alors pour la première fois le soutenir, lui rappelant que dans certaines situations, comme celle-ci, il n’y a pas de solution à l’amiable, le classique “c’est eux ou nous“. Mais Atreus reste troublé, et Kratos finit par l’interpeller, lui disant que si c’est comme ça peut-être qu’ils feraient mieux de rentrer à la maison, qu’il n’est peut-être pas prêt pour le voyage, et pour la première fois, on entend de la complicité dans sa voix. Et c’est le début de la construction de cette relation.
À partir de là, Atreus va essayer de faire des efforts, et il demandera plusieurs fois à son père comment il s’est battu après les combats, ce que Kratos tentera maladroitement d’encourager avec des critiques, qui en soit sont constructives, mais qui manquent d’un peu de subtilité. Atreus va également faire preuve de la spontanéité et de l’innocence propre à un enfant lors de la prise de quêtes secondaires auprès d’esprits échoués sur les bords du Lac des Neufs qui sert de hub au jeu. Il proposera en effet leur aide aux esprits, ce que Kratos désapprouve, à moins de convenir d’une récompense le cas échéant, et une évolution aura lieu, avec Atreus finissant par ajouter lui-même qu’ils désirent une récompense s’ils complètent effectivement cette quête.
Un passage par le monde d’Alfheim, domaine des Elfes, va également renforcer cette relation, le duo ayant besoin de la lumière d’Alfheim, une source d’énergie pouvant repousser le souffle noir, une barrière magique posée par Odin. Là, Atreus commencera à entendre des voix, et au cœur de la ville des Elfes Noirs se trouve une colonne de lumière. Kratos s’aventure dedans et suit une présence éthérée, supposément celle de sa femme défunte qu’on entend chanter au loin. Lorsqu’il ressort, les quelques instants qu’il a passés dedans se révèlent comme ayant été très long, et Atreus, laissé seul, a réussi tant bien que mal à venir à bout de nombreux Elfes Noirs qui venaient les chasser. Pour la première fois, Kratos prend véritablement conscience des compétences d’archerie de son fils. D’autant que lorsqu’il était dans la colonne de lumière, il entendait la voix de son fils, parlant à sa mère, lui disant qu’il regrette que ce soit elle qui soit morte plutôt que lui, puis affirmant ne pas penser cela, et ajoutant que si son père est prêt à faire des efforts pour construire une relation, alors il le sera aussi.
Devant des combats de plus en plus intenses, notamment contre un dragon, et avec l’arrivée dans le groupe de la tête ressuscitée de Mimir, un être possédant tout le savoir du monde, condamné à vivre dans un arbre par un Odin paranoïaque vont encore renforcer ce lien. Mais Kratos va alors s’isoler de la sorcière rencontrée un peu plus tôt après avoir découvert qu’elle était Freya, ancienne épouse d’Odin, et donc techniquement une déesse. Il se sent trahi qu’elle ne lui ait pas dit lors de leur première rencontre, et part immédiatement, sans donner de raison à son fils qui pourtant semblait l’apprécier.
Comme une montagne russe : belle montée pour incroyable descente
Poursuivant dans leur quête, ils partent chercher le moyen d’accéder au monde perdu de Jotünheim. Les histoires de Mimir étant bien meilleures que celles de Kratos, cette relation particulière s’étoffe encore un peu. Ils finissent alors par se faire attaquer par deux fils de Thor, Magni et Modi, dieux des éclairs et de la pluie. Face à leurs provocations incessantes au sujet de Faye, le duo les affronte, et Kratos tue Magni lors du combat. Modi bat en retraite, promettant de venir venger son frère alors qu’Atreus perd son sang froid et que sa maladie revient. Modi resurgit rapidement, alors qu’ils s’apprêtent à rejoindre le tombeau de Týr, espérant trouver la rune noire leur permettant de rejoindre le royaume caché. Neutralisant Kratos et continuant d’insulter Faye, Atreus sent une colère nouvelle monter en lui, semblable à celle de son père, mais cette dernière s’estompe et Atreus perd connaissance. Enragé à son tour, Kratos pousse Modi à fuir, récupère Atreus qui semble plus mal que jamais et part immédiatement demander l’aide de Freya, espérant qu’elle saura trouver une solution pour le soigner. La scène qui suit est incroyable. Kratos allonge Atreus sur une table, près du feu et lève les yeux vers Freya en l’implorant de l’aider. Ses yeux transmettent une terreur phénoménale, car Freya et Mimir partagent l’avis que c’est la nature divine d’Atreus qui est la cause de sa maladie. Son corps dysfonctionne car il pense être mortel. Et Kratos réalise qu’une fois de plus, sa divinité menace de tout lui arracher. À cause de lui, de ce qu’il est, son fils pourrait mourir. En plus, il apprend que pour préparer le remède, Freya a besoin d’un ingrédient particulier qu’on ne trouve que dans le royaume des morts, un endroit gelé dans lequel sa hache ne fonctionnera pas. Il doit alors rentrer chez lui, torturé et terrifié, pour récupérer les Lames du Chaos, seule trace de ce passé qu’il hait tant.
Après avoir ramené cet ingrédient, Atreus est rétabli et entend à moitié la discussion entre Freya et Kratos sur la nature de ce mal qui le ronge. Manquant certains éléments, il croit que son père le considère maudit par sa faiblesse physique, alors que sa malédiction, c’est sa divinité. Kratos lui révèle alors sa nature divine, et lui explique que lui aussi, à son jeune âge, est un dieu. Et Atreus, chargé de l’innocence d’un jeune enfant, demande s’il peut se transformer en un animal. Parce que contrairement à ce dont Kratos avait peur, un enfant ne va pas commencer à chercher à manipuler les mortels. Il laisse alors échapper un léger rire de soulagement et promet à son fils qu’ensemble, ils découvriront ce qu’il sait faire, l’étendue de ses pouvoirs. Ils explorent ensuite le temple de Týr, ancien dieu nordique de la guerre et surtout partisan de la paix. À l’intérieur du temple, Kratos trouve des antiquités de différentes parties du monde, notamment de la Grèce, avec entre autres un vase sur lequel est représenté le Fantôme de Sparte, lui-même, rempli de rage incontrôlée et de violence. Atreus le voit, mais ne lui dit rien, sachant que le passé de son père est un sujet qu’il n’a pas envie, ou n’est pas prêt à aborder. Alors qu’ils trouvent finalement la rune noire, leur donnant l’accès à Jötunheim, Kratos lui parle de la responsabilité d’être un dieu, du pouvoir qui vient avec qu’on le veuille ou non, et de son espoir de pouvoir laisser la violence et la tromperie de côté pour être des dieux bons. En quittant le temple via un ascenseur, ils partagent un moment touchant, Kratos dégustant une rasade de vin venant d’une amphore grecque trouvée dans le trésor amassé par Týr et en faisant goûter à Atreus. Ce dernier ne sait visiblement trop que penser de cette boisson, comme c’est souvent le cas lors des premières dégustations, mais Kratos prend ce moment pour partager un peu de son héritage avec son fils, confiant, esquissant presque un sourire et laissant s’échapper un ricanement bienveillant.

Mais le pouvoir lui monte rapidement à la tête, et Atreus commence à confondre la concentration et la détermination de son père avec du mépris, balayant leurs alliés et leurs requêtes comme n’étant pas dignes de leurs temps, ce que Kratos lui reproche juste après. Cela se traduit également dans le gameplay, avec Atreus commençant à utiliser ses attaques sans que le joueur, et donc Kratos, ne lui demande. Il se montre imprudent et frise l’insolence, et lorsqu’il demande une dernière fois de pouvoir porter les cendres de sa mère, Kratos lui dit qu’il n’en est pas digne. Atreus va même finir par tuer Modi, qui avait été battu et jeté à Midgard par sa famille à cause de sa faiblesse après la mort de son frère, contre le jugement de son père de le laisser vivre, puisque rejeté des siens, il ne représentait plus une menace.
Arrivés au sommet de la montagne, près de l’arbre duquel ils ont arraché la tête de Mimir, le portail pour Jötunheim s’ouvre grâce à la rune noire. C’est là que Baldur, frère de Thor et dieu immunisé à toutes les menaces, physiques ou magiques, intervient, cherchant auprès de ce dieu d’ailleurs la solution à son problème de ne plus rien ressentir. Kratos demande à Atreus de ne pas intervenir, mais ce dernier refuse d’écouter, tire une flèche sur son père avant d’attaquer Baldur, qui l’assomme et l’enlève à dos de dragon. Kratos le poursuit tant bien que mal et finit par le rattraper dans le temple de Týr alors qu’il essaie de partir pour Asgard afin de revenir avec du renfort. Kratos arrive à l’empêcher, ouvrant le temple vers Hel, le monde des morts à la place. Là, Kratos sermonne son fils, avant que ce dernier ne fasse l’objet des visions de Hel, créées pour tourmenter les âmes. Il assiste alors à son comportement et ouvre les yeux, promettant de s’améliorer. On y voit également Baldur, lui-même sous le coup des visions, et on apprend que c’est Freya, sa mère, qui a jeté sur lui cette malédiction qui certes, le rend invulnérable, mais l’a en réalité rendu littéralement insensible, lui coupant les 5 sens.
Une formule qui ne fonctionne pas chez tout le monde
Kratos et Atreus parviennent, non sans mal, à quitter Hel, cependant Kratos a son tour avec les visions, ces dernières prenant la forme de son père Zeus qu’il se voit tuer. Atreus semble ne pas s’en apercevoir et reste concentré sur leur échappée, n’abordant la question qu’un peu plus tard. Ils se retrouvent à nouveaux dans une impasse, la seule porte pour Jötunheim détruite. Mais ils décident de poursuivre l’exploration du temple de Týr, confiants que ce dernier, très apprécié des géants en son temps, devait posséder son propre moyen d’accéder à leur monde à l’insu d’Odin, sans passer par les portes qu’ils ont utilisées depuis le début de leur aventure. Ils trouvent donc une pierre leur permettant d’emprunter les branches d’Yggdrasil l’Arbre Monde, et surtout de quitter la voie établie sans perdre la vie, atterrissant dans une version inversée du temple de Týr. Ils découvrent alors que pour emprunter le chemin de Týr, ils auront besoin de l’œil manquant de Mimir pour ouvrir la porte. L’œil a cependant été confisqué à Mimir pour limiter ses pouvoirs d’omniscience, et a été intégré à une énorme statue de Thor trônant sur le Lac, laquelle a été détruite et dévorée par Jormungandr, le serpent géant plus tôt dans l’aventure. Après une discussion en géant avec le serpent, ils obtiennent donc sa bénédiction pour s’aventurer en lui, où ils finissent par trouver l’œil.
Mais alors qu’ils s’apprêtent à ressortir, le serpent semble passer un mauvais quart d’heure. Recrachés, ils sont rejoints par Freya qui pense avoir ressenti la présence de son fils, Baldur. Elle affirme avoir beaucoup repensé à sa relation conflictuelle avec lui et cherche à recoller les morceaux, inspirée par nos deux protagonistes. Baldur sort alors de la rivière proche, prêt à en découdre une fois de plus avec Kratos, avant de réaliser que sa mère, celle qui l’a rendu insensible, se trouve à leurs côtés. Baldur se sent emporté par son désir de vengeane auprès de sa mère, mais Kratos intervient, lui expliquant que la vengeance ne mène à rien, ou en tous cas rien de positif ou de paisible, quelques chose dont il a largement fait l’expérience. Refusant d’écouter son conseil, ils se battent une fois de plus, mais Baldur frappe Atreus, se blessant avec une flèche magique qui lui retire sa protection magique. Freya refuse de les laisser se battre et tente de les arrêter par tous les moyens, prenant même le contrôle du cadavre d’un géant. Un combat épique s’ensuit pendant lequel Freya tente de justifier sa décision auprès de son fils. Il se termine avec Atreus, appelant le serpent en renfort pour vaincre le géant contrôlé, ramenant tout le monde dans la zone de départ. Là, Kratos tient Baldur à sa merci, mais suit le conseil d’Atreus de le laisser vivre s’il accepte de les laisser tranquille, eux et Freya. Baldur cependant refuse de pardonner à sa mère, et cette dernière accepte de le laisser la tuer si c’est le prix à payer pour que son fils soit heureux. Alors qu’il la saisit à la gorge et commence à l’étrangler, Kratos intervient, lui disant que même si cette affaire ne le concerne pas, en tant que dieux, ils doivent être meilleurs que ça, et le cycle infini de vengeance doit cesser, avant de lui briser la nuque. Bien que cela sauve la vie de Freya, elle fond en larmes et promet de jeter sur Kratos toutes les calamités du monde pour lui avoir volé son fils. Dans un échange de provocations, elle pousse Kratos a révéler davantage sur son passé à son fils. Il lui explique alors avoir passé un marché avec les dieux en son temps, avoir tué de nombreuses personnes, qui le méritaient ou non, et surtout avoir tué son propre père. Atreus repense alors à la vision de Kratos en Hel et s’interroge si le fait d’être un dieu est en réalité à ce point un fardeau, qu’il ne cause que souffrance, destruction, parricide et vengeance. Kratos lui rappelle alors qu’ils feront tout leur possible pour être meilleurs, des dieux nouveaux qui choisiront leur propre voie, alors que Freya se retire, emportant avec elle le cadavre de son fils. Après quoi, alors qu’ils reprennent leur voyage, Atreus demande à son père s’il aurait fait le même choix que Freya, s’il aurait accepté qu’il tue son père, ce que Kratos affirme, ajoutant que seul un parent peut le comprendre (ce qui est un peu exagéré) et qu’il laisserait volontiers son fils le tuer si cela signifiait qu’il survivrait.

Ils se remettent enfin en route, atteignant enfin Jötunheim. Kratos retire alors ses gantelets, ainsi que les pansements cachant les marques de ses chaînes, se mettant figurativement à nu. Il appelle ensuite Atreus et lui confie les cendres de sa mère, le laissant les porter pour la dernière partie de leur voyage, ce que le petit hésite presque à accepter, tant la responsabilité est grande. Alors qu’Atreus touche un mur, la surface s’écroule magiquement, révélant des décorations murales racontant leur voyage jusqu’au monde des géants. Ils apprennent donc que Faye était une géante, ce qu’ils ignoraient tous deux, et qu’elle les a menés ici pour une raison précise, même s’ils n’arrivent pas à comprendre laquelle. Une dernière gravure qu’Atreus ne voit pas les montre tous deux, Kratos allongé et mourant, tandis que sa vie ou son pouvoir est transmis à son fils. Gagnant enfin le pic d’où ils doivent disperser les cendres, ils se recueillent et font leurs adieux, exécutant enfin ses dernières volontés. Ils repartent ensuite chez eux, Atreus surpris que son nom sur les gravures ne soit pas Atreus, mais Loki. Kratos lui explique alors qu’il s’agit de son nom géant, celui que sa mère utilisait auprès des siens, et lui raconte l’histoire d’Atreus de Sparte, un soldat toujours plein d’espoir, croyant en l’humanité de chacun même s’ils étaient des soldats ne connaissant que la guerre et la mort, de qui il tient son prénom.
L’histoire de cette relation inexistante se développant peu à peu, via des grands moments, mais aussi des gestes simples, à été appréciée par beaucoup et pour cause, elle sonne extrêmement réelle. Il n’est pas pour rien que Cory Barlog, directeur du jeu, et Christopher Judge, l’acteur jouant et doublant Kratos, aient tous deux trouvé comme une résonance entre l’histoire de Kratos et d’Atreus et celles de leurs enfants respectifs vis-à-vis d’eux, de la construction de cette relation, des hauts comme des bas, des passages manqués, des moments forts. Beaucoup de jeunes parents peuvent se refléter dans leur développement émotionnel, même s’il est bien sûr extrêmement rapide.
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