Qu’est-ce qui cloche avec le endgame de Borderlands 3 ?
- Jimmy Poorteman - Holycrabe
- 10 oct. 2020
- 5 min de lecture
En ce début octobre, l’événement à durée limitée “Récole sanglante“ sur le thème d’Halloween revient dans Borderlands 3. L’occasion de revenir sur un an de contenu et de mises à jour, et surtout parler un peu des différents avis des joueurs sur l’état du jeu et de son endgame.
Il y a beaucoup à tirer de l’avis de quelqu’un sur ce que Borderlands 3 propose après avoir terminé son histoire, et la plus grande réalisation qu’on peut déduire, c’est que la base de joueurs a bien changé depuis Borderlands 2. Quand Borderlands 3 a été annoncé officiellement en mars 2019, beaucoup de gens étaient contents. Borderlands est une série très populaire qui a connu un certain succès avec son premier épisode mais encore plus avec le deuxième, introduisant un antagoniste qui est vite devenu adoré ainsi que pleins de personnages hauts en couleur. Le jeu n’est par contre en aucun cas exempt de défauts, n’en déplaise à certains. D’autant que vu que le dernier épisode numéroté était sorti en 2012 et que c’était devenu le calme plat après deux spin-offs aux victoires moins franches, les plus pessimistes pouvaient craindre un abandon de la franchise. Mais pas du tout, annoncé en grandes pompes même si dans la douleur du matériel de présentation en direct, le jeu a fait beaucoup parler de lui et dans les mois qui ont suivi l’annonce et précédé la sortie, Gearbox Software a déployé moult moyens pour s’assurer que le jeu soit un succès. Entre les pubs et les extensions Twitch, tous ceux qui n’étaient pas intéressés se retrouvaient gavés d’avance et les gens qui hésitaient ont saisi l’occasion de prendre le train en marche, profitant également du prix terriblement bas de la Handsome Collection en 4K (compilation du 2 et d’un épisode spin-off entre le 1 et le 2 avec tous leurs DLCs). On a même retrouvé une zone de Pandore sur la carte de Fortnite à un moment. C’est dire à quel point ils cherchaient à attirer un public diversifié.

La route a été longue et vraiment très cahoteuse depuis la sortie, entre les problèmes techniques, l’équilibrage inexistant, la refonte totale de tout un pan du jeu, mais à l’heure actuel, bah le jeu reste une expérience plutôt agréable avec une campagne d’une trentaine d’heures et tant de choses à explorer après coup. Et pourtant on peut encore régulièrement lire sur Reddit que “Borderlands 3 est vide“ ou que “Il n’y a rien à faire en endgame“. C’est-à-dire que certains joueurs, après avoir passé 30 heures sur la campagne, avoir arpenté les cartes pour ramasser tous les collectibles, avoir augmenté leur personnage jusqu’au niveau maximum, avoir terminé les 4 DLCs sortis actuellement, les 2 raids gratuits et participé aux 3 événements à durée limitée qui ont jalonné l’année (sur une durée totale d’à peu près 4 mois), tout ça avec un nouveau système de difficulté basé sur des modificateurs changeant leur expérience du tout au tout, se disent que “Mouais, pas grand-chose à faire hein ici.“ Et ça, c’est une réaction qui donne des frissons à tous ceux qui squattent encore le Reddit de Borderlands 2 8 and après à buter le même boss en boucle depuis 2 semaines pour avoir “LE SHAM PARFAIT“ (le Sham étant un bouclier légendaire particulièrement fort dans le jeu).

Parce que le fait de farmer de l’équipement sans plus de finalité que son obtention a toujours fait partie de l’ADN de l’expérience Borderlands. Déjà en 2009 quand Sledge, l’un des boss du premier jeu, se faisait farmer en boucle parce que son designated drop, c’est-à-dire ce qu’il avait plus de chances de lâcher comme loot, était l’une des meilleures armes du jeu. Pareil dans Borderlands 2, chacun affrontant pendant de longues heures le BNK-3R, Hyperius, Pyro Pete ou autres. Il y a une grande partie du raisonnement derrière le endgame des Borderlands qui n’a pas beaucoup de sens quand on y réfléchit. Une fois le dernier niveau atteint et ses compétences réparties de manière à déclencher des synergies destructrices ou au contraire se retrouver quasiment invincible, on part affronter un boss en boucle jusqu’à ce qu’il nous lâche une arme ou une pièce d’équipement “parfaite“ qui fait de nous une machine à tuer encore plus performante. Mais pourquoi ? Pourquoi affronter ces boss surpuissants plusieurs fois ? On est déjà niveaux max, les différentes quêtes principales sont déjà terminées et il ne reste plus un seul ennemi qui nous tienne réellement tête de ce côté de la galaxie, alors pourquoi vouloir posséder cet objet qui nous rendra encore plus fort ? Par esprit de collection peut-être ? Ou pour se dire qu’on l’a fait, qu’on s’est tapé Savage Lee 427 fois pour qu’il drop son DPUH avec la bonne poignée et les bonnes stats ? Chacun ses raisons finalement, vous jouez comme vous voulez.
Mais voilà, avec tous leurs efforts pour amener leur jeu auprès d’un public plus vaste, voilà que Gearbox se retrouvent pris au piège avec de nouveaux fans qui estiment que “Non, ça ce n’est pas suffisant comme endgame“. Est-ce qu’ils regrettent ? J’espère pour eux que non et très honnêtement, ça m’étonnerait. Take-Two a révélé fin 2019 que le jeu s’était vendu à plus de 8 millions d’exemplaires au total dont 5 millions pendant les 5 premiers jours après la sortie, et si le jeu suit les pas de son prédécesseur et continue à se vendre des années après, ce sera un succès encore plus grand. Randy Pitchford, le président de Gearbox, a d’ailleurs commenté plusieurs fois sur Twitter en insistant sur sa fierté du succès commercial de Borderlands 3.
Je n’ai pas envie de débattre de si Gearbox auraient ou non “perdu“ ou “vendu“ l’âme de la série en essayant d’attirer un plus large public. Mais il est clair que quelque chose a changé dans la communauté et leurs attentes. Borderlands 3 n’a jamais eu la prétention d’être un CS ou un Overwatch qui se joue encore des années après parce que ce sont des jeux multijoueurs. Pour s’inscrire dans la durée, ils sortent des DLCs, offrent des événements saisonniers et des raids gratuitement et alors que cette deuxième année de contenu vient de commencer, il leur en reste encore sous la pédale, ne serait-ce que pour des petits morceaux de contenu comme l’étaient les DLCs Headhunters de Borderlands 2 avec une poignée de quêtes, de skins, une nouvelle carte tout ça pour moins de 5€.

Au final, on verra si le jeu vit encore ou non quand ces vagues de contenu cesseront et que tout ce qu’il restera à faire sur le jeu sera bourrer Vermilingua pendant 4 jours pour avoir un Hellshock aux stats parfaites et tester de nouvelles combinaisons de compétences en espérant trouver de nouvelles synergies. Ou alors se fixer des défis, comme sur le jeu précédent ou certains lancent des parties avec un randomisateur, changeant de manière aléatoire les ennemis à affronter, ou se lancent dans une “allegiance run“, n’utilisant les armes et équipement que d’un seul constructeur dans le jeu. Une fois que le gros des joueurs laissera le jeu prendre la poussière et qu’il ne restera plus qu’une fraction de la communauté qui posteront leur dernière trouvaille avec fierté. Parce que l’endgame de Borderlands, ça a toujours été ça et malgré les différences de ce jeu avec les précédents, je pense que l’idée est la même. Il y a plein de choses à faire une fois le jeu terminé. Mais peut-être que ce sont simplement des choses qui ne vous plaisent pas.
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