Rappel que Celeste est un jeu incroyable
- Jimmy Poorteman - Holycrabe
- 14 janv. 2021
- 3 min de lecture
Ce n'est plus une surprise, Celeste est un de meilleurs jeux de ces dernières années et s'est depuis établi comme la nouvelle référence du platformer dynamique et difficile. Mais il est bon de rappeler que, malgré la richesse de son gameplay, c'est loin d'être sa seule qualité.
Sortie en 2018, Celeste est donc un jeu de plateforme développé par Matt Makes Games, petit studio indépendant. On y incarne Madeline, une jeune personne en proie à des crises de panique et des épisodes dépressifs et lancée dans l'ascension de la montagne Celeste, située au Canada. La montagne est réputée pour etre une source de révélation auprès de ceux qui la gravissent, certains en parlant comme si la montagne avait une sorte de pouvoir surnaturel.
Le jeu donne le ton très rapidement et si le prologue se fait facilement, le premier niveau est déjà assez complexe et les choses se corsent encore dès le deuxième. La difficulté était en effet quelque chose sur lequel Maddie Thorson, lead développeuse du jeu, voulait insister, pour faire ressentir au joueur la difficulté de l'ascension associée à l'introspection de Madeline.
Parce que manifestation surnaturelle de la montagne ou non, Madeline voit sa part sombre se matérialiser devant elle. Celle-ci est manipulatrice, paranoïaque, agressive, pour Madeline, il s'agit de la part d'elle-même dont elle souhaiterait tout simplement se débarrasser sur cette montagne.
Un message important : s'écouter
Cette facette négative de Madeline va être perçue et représentée comme notre antagoniste principale pendant une grande partie du jeu. Il faudra parfois la fuir, ou alors échapper à son emprise et ses paroles décourageantes quant à notre capacité à affronter la montagne, elle se montrera même insultante envers un maître d'hôtel en détresse, poussant son esprit à devenir un monstre qui nous pourchasse.
Madeline va en fait devenir de plus en plus frustrée face à sa part d'ombre, malgré qu'elles soient toutes deux coincées l'une avec l'autre. Au final, celle-ci nous fera chuter alors que nous étions proches de la fin, mais c'est au fond de ce gouffre que nous retrouvons le personnage de la vieille grand mère présente dans le prologue, et qui nous permet de considérer les choses sous un autre angle. Elle suggère que cette part d'ombre n'est pas méchante intentionnellement, elle est simplement effrayée et souhaite protéger Madeline des menaces extérieures, même si elle le fait particulièrement maladroitement.
Et ça, c'est en réalité assez différent du propos que d'autres œuvres traitant de la dépression soutiennent. On entendra souvent parler de se débarrasser de ses démons, arriver tant bien que mal à s'en défaire, mais c'est plutôt rare qu'on aborde la situation sous l'angle de la compréhension et du dialogue avec soi-même, de l'introspection et d'essayer de comprendre les raisons derrière un comportement négatif inconscient afin de ne pas le rejeter en bloc. Se battre contre soi-même ne sert à rien, c'est une perte de temps et d'énergie, mais en arrivant à comprendre les raisons qui nous animent sans que nous nous en rendions compte, alors on peut avancer et grandir.
À l'issue du jeu d'ailleurs, Madeline et sa part d'ombre travaillent main dans la main pour terminer de gravir la montagne, profitant de la vue et se promettant que la situation ne redeviendra pas comme avant une fois que la montagne ne pourra plus donner forme à ses pensées sombres. Elles s'écouteront, se feront confiance.
Et le jeu est bien
Oh ça oui il l'est. Le gameplay a beau tenir sur quatre boutons, sa simplicité permet de se décliner à merveille d'un niveau à l'autre. La courbe de difficulté commence haut, et reste en réalité assez haute tout au long du jeu, mais elle offre une grande satisfaction lorsque l'on termine un niveau compliqué ou l'un des quelques combats de boss du jeu.
Niveau artistique, c'est tout aussi bien. Le style graphique est très pixellisé évidemment ce qui plait ou pas, mais c'est du faux vieux, et on voit énormément de moments ou des effets plus lissés se glissent dans les niveaux. Les illustrations disséminées dans les chapitres sont très mignonnes aussi. Côté musique, c'est aussi du caviar, avec une bande son assurée par Lena Raine, sans compter les remix présents dans les niveaux bonus. Chaque niveau a ainsi sa propre ambiance distincte avec son identité, aussi bien au niveau du gameplay, des visuels, et de la musique. Et osez seulement me dire que la guitare du thème de Théo ne vous réchauffe pas l'intérieur.
En fin de compte, on a beau le savoir, Celeste reste un jeu vraiment fort, costaud dans le fond et dans la forme, sans compter l'énorme potentiel de speedrun, comme on le voit ici avec cette run des faces C des niveaux exécutées au tapis de danse.
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